Léon Blum

Léon Blum

Ecriture petite, tremblante, descendante, pointillée,inégale de pression, de dimension et d'inclinaison,simple à simplifiée, sobre,avec des blancs, des trouées,des lacustres, quelques lancements peu nourris, maigre, à rebours. Blum était le type propre du sentimental avec sa grande émotivité, son absence d'activité et sa grande secondarité. Puissant introverti il vivait en perpétuelle confrontation avec lui-même, extrêmement vulnérable il doutait de tout et en premier de lui-même.Il se repliait fréquemment sur lui-même, ruminant ses pensées, pesant le pour et le contre durant des heures sans jamais pouvoir se décider. Il ne passait à l'action qu'au prix d'un violent effort qui l'épuisait. Sa capacité à s'adapter aux nouveautés était très relative. C'était un mélancolique qui vivait plus dans le passé que dans le présent.Son activité était à la mesure de son impuissance à agir: il agissait par à-coups, après une très longue réflexion, sans enthousiasme ni ambition.Il était très sensible aux malheurs des autres. C'était un homme bon, généreux, intelligent mais envahi toujours par le doute, par son incapacité à agir dans la durée, à bâtir une oeuvre durable et sincère. Son monde intérieur était son véritable monde, celui dan s lequel il pouvait s'affirmer mais extrêmement introverti il mettait beaucoup de temps à se décider. C'était un homme pour le long terme et non pour l'action du moment.Il se fatiguait très facilement surtout quand il devait agir et décider.Cela lui demandait un effort qui l'épuisait.Il devait sans cesse, pour faire face à ses responsabilités, compenser ses insuffisances par une élévation de sa pensée, de son imagination, de ses possibilités. C'était un mécanisme de défense très courant mais très épuisant et il ne pouvait le maintenir très longtemps. C'était pourquoi son action était en dents de scie, pourquoi il mettait tant de temps à agir, pourquoi il préférait se défiler plutôt que se battre ou prendre des décisions courageuses. Ses besoins étaient très limités et jamais on ne put considérer qu'il s'était enrichi personnellement. Il vivait comme un ascète doté d'une immense moralité, d'une très grande dignité, d'un sens des valeurs très poussé.Il était souvent mécontent de lui et de la réalité de son action. Il avait pleinement conscience de ses manques, de son inaction et cela le rendait malheureux mais trop introverti il se confiait très peu. Il avait beaucoup de mal à affronter le monde extérieur, à extérioriser ses sentiments, à domestiquer son introversion et s'il le faisait c'était toujours par utilisation provisoire de la compensation qui donnait le change mais jamais très longtemps.Il ne se décidait jamais sans avoir très largement consulté et quand il devait se décider c'était toujours au minimum de ce qu'il convenait de faire. Dépassé par le poids de ses responsabilités il vécut douloureusement cet épisode du Front Populaire, un moment qu'il attendait mais qu'il aurait préféré vivre en retrait.Son écriture au nourrissement irrégulier, ses inégalités dans la forme, la direction, l'inclinaison, ces lignes descendantes en fin de page traduisaient sa constante souffrance, sa difficulté à se concentrer sur son vécu quotidien, sa quasi impossibilité à se décider et à prendre la tête d'un grand mouvement. Très intellectualité il aurait fait un excellent théoricien du Front Populaire mais non sa plaque tournante, son principal levier, celui qui devait impulser le mouvement, le conduire et le structurer.Torturé, indécis, se posant sans cesse mille questions à un moment déterminant de l'Histoire de France il fit prendre à son mouvement un immense retard qui précipita les horreurs qui survinrent plus tard. Il prit de justes décisions mais en trop petit nombre et souvent à un mauvais moment.Le sentiment est sa fonction principale et la pensée sa fonction auxiliaire extrêmement active dans son inconscient.Sa ligne de base mal organisée avec des tremblements permanents, ses hésitations, son avancée pénible et souffreteuse traduit un MOI déchiré et en lambeaux par moments. Son espace du bas comme du haut est quasiment inexistant ce qui prouve à quel point il avait du mal à assumer et sa masculinité et sa sexualité et à prendre des décisions concrètes. Les valeurs sacrées du bas avec ses constructions de mâle, d'un homme qui veut s'affirmer en tant qu'homme, sont bafouées pour ne pas dire inexistantes.Mars vivait très mal en lui, trop vénusien pour ce monde torturé qui avait besoin d'un homme d'action.

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